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Òîì ñåäüìîé/7. "Âîéíà â êðóæåâàõ" -2

Àííà: Ñåäüìîé òîì

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La comtesse: Àííà ïèøåò: Ìîæåò áûòü, âòîðàÿ - óñòàðåâøàÿ, äèàëåêòíàÿ, è ïîýòîìó ðåæåò ãëàç? ß òîæå òàê ñíà÷àëà ïîäóìàëà, êàê òîëüêî ïðî÷èòàëà ïðåäëîæåíèå, íî Îæåãîâ (÷òîá åãî! ) íè÷åãî íå ãîâîðèò íà ýòîò ñ÷åò!

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Ìàðèÿ-Àíòóàíåòòà: ïðîñòî íàäî ïèñàòü ÷òî òóò òî è òàì, è äà, ïèñàòü ñâîå à ÷òî êòî-òî ïèñàë ÷òî-òî ÷óæîå? èëè ïî ÷üåé-òî óêàçêå? Leja ïèøåò: Òàê íåëüçÿ ñïîðèòü, âû ñëèøêîì àãðåññèâíû äà, äåéñòâèòåëüíî íèêòî íå ðåàãèðóåò òàê îñòðî íà çàìå÷àíèÿ êàê Ìàøà,...ìîæíî æå íåìíîãî ñïîêîéíåå îòíåñòèòü ê îáñóæäåíèþ.

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urfine: Íó-ñ, îêîí÷àíèå ñâåðêè 3 è 7 òîìîâ. Íà÷àëî â ýòîé òåìå íà ñòðàíèöå 7. âûäåëåííûé øðèôò- 7 òîì. çà÷åðêíóòûé øðèôò -3 òîì, òî ÷òî áûëî óáðàíî/ïåðåìåùåíî. 7 ãëàâà (ïðîäîëæåíèå) – 3 òîì 8 ãëàâà – 7 òîì Louis XIV, avec la courtoisie dont il honorait chaque femme, même des plus modestes, s'était levé pour la saluer. Angélique, éperdue, s'avisa qu'elle n'avait même pas fait sa révérence de Cour et plongea dans une profonde génuflexion, en maudissant M. Colbert. — Je sais que vous n'avez pas l'habitude de plaisanter, monsieur Colbert, dit le roi, mais je ne m'attendais pas à ce que cet agent de renseignement porte-parole des navigateurs que vous m'annonciez se présentât sous les traits d'une des dames de la Cour. ⁃ — Mme du Plessis-Bellière n'en est pas moins une actionnaire très importante de la Compagnie. Elle a armé un bateau avec l'intention de commercer aux Indes et a dû y renoncer, portant son effort plutôt vers l'Amérique. Ce sont les raisons de cet abandon qu'elle va nous exposer. ⁃ A vrai dire, monsieur le ministre, répondit Angélique Angélique se demandait quelle attitude adopter. froidement, je regrette que vous ayez attaché de l'importance à mes paroles. J'ai des biens placés dans le commerce maritimes, il est vrai. L'intendant qui gère ces biens m'expose parfois ses doléances sur les difficultés de sa charge, mais ensuite je n'en sais ni plus ni moins long sur les questions de marine que sur les questions d'agriculture lorsque mes fermiers m'ont montré leurs déboires à propos d'une mauvaise récolte. I. Colbert passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. —Avez-vous fini de faire la sotte! s'exclama-t-il sans ambages. Tout à l'heure vous me parliez de la façon la plus pertinente et maintenant vous vous dérobez. Est-ce la présence de Sa Majesté qui vous trouble? Angélique rougit comme une écolière et jeta un coup d'œil vers le roi. Celui-ci s'était assis de nouveau. Faisant confiance à son ministre il attendait patiemment le roi attendait patiemment. des éclaircissements sur une rencontre qui ne laissait pas de l'étonner un peu. De son regard brun, perspicace, il observait la jeune femme, et elle y lut cette sagesse minutieuse et prudente qui devait marquer caractériser la plupart des actions de Louis XIV, qualité si étonnante chez un souverain de vingt-sept ans, que bien peu encore, parmi ses ministres, s’en étaient avisés même les diplomates chevronnés, s'en étaient avisés. Sa lèvre se détendit dans une expression souriante et il dit avec gentillesse. — Pourquoi vous troublez-vous? La jeunesse d'Angélique avait, elle aussi, été mûrie à un feu redoutable. Elle en avait gardé la connaissance intuitive des êtres. D'elle au roi, elle sentit l'accord de leurs deux esprits réalistes. — Je sais que Votre Majesté n'aime pas les réputations excentriques. C'en est une, il me semble, que d'être dame de la Cour et de s'occuper de navigation, marchandages et de navires. J'ai crains... et je crains que... — ⁃ Vous n'avez pas à craindre de nous déplaire en, ni chercher non plus à nous parlant ouvertement. Navigation ou autre, vous verrez qu’à la Cour on trouve de tout, et pour ma part, je ne m’étonne plus de rien. complaire en altérant la vérité, dit-il un peu sévèrement. Si monsieur Colbert estime que vos renseignements peuvent nous éclairer, parlez , Madame, vous n'avez pas à juger si nous les accueillerons bien ou mal. Parlez donc madame, avec le seul souci, qui j'espère, est le vôtre, de bien servir nos intérêts. Il la laissa debout, afin de marquer qu'il la recevait au même titre que ses collaborateurs qui, quels que soient leur âge et leurs dignités, ne devaient jamais s'asseoir devant lui, à moins qu'il ne les y invitât en particulier. Elle dut expliquer au roi pourquoi son — Votre navire avait donc renoncé à trafiquer avec les Indes Orientales, malgré le désir que vous aviez de l'y envoyer et les profits qu’elle escomptait en que vous escomptiez tirer. C’était à cause du de ce voyage. La plupart des armateurs ont agi de même, il faut le reconnaître. Ce sont les raisons de leur désaffection qui me demeurent obscures. Angélique commença par exposer le danger que représentaient les Barbaresques croisant au large du Portugal et des côtes d`Afrique, et dont la seule industrie depuis des siècles consistait à piller les navires isolés. N’exagérait-elle — N'exagérez-vous pas le désavantage représenté par ces pirates, madame? Il m'est revenu maintes récits de voyages aux Indes, accomplis par des vaisseaux français naviguant seuls, moins armés que le vôtre même, et qui revenaient glorieusement du de ce long périple par le cap de Bonne-Espérance. Angélique fit remarquer qu’il ne s’agissait pas de votre sans avoir eu à se plaindre d'incidents bien graves, hormis les tempêtes. J'ai là des rapports, dates de départ et de retour, etc. Ce que certains peuvent accomplir, pourquoi prétendez-vous que d'autres bateaux marchands, mais de corsaires comptant ne pourraient le faire? — Parce que c'est un bateau marchand, Sire. Comparez les chiffres de tonnages et vous serez éclairé sur le leur vitesse pour mystère. La plupart des navires qu'on vous a signalés sont des navires de course, même s'ils se baptisent marchands. Ils savent qu'on ne peut échapper aux Barbaresques, et qui revenaient les cales galères barbaresques que par la vitesse. Ils quittent le port la cale presque vides, se contentant du trafic de l’or, des perles et des pierres précieuses. Mais un et reviennent de même. Alors oui, ils échapperont aux pirates et ils accomplissent un voyage; mais sur le plan commercial, l'expédition est nulle. Un navire de gros tonnage, bourré de marchandises, jusqu'au bord, est incapable de fur devant les rapides galères algéroises ou marocaines. Il est comme un gros bousier assailli par des fourmis. Les canons souvent tirent trop loin.. Il ne reste alors à l'équipage que d'avoir le dessus au moment de l'abordage. C'est ainsi, grâce au courage des matelots du St-Jean-Baptiste que par deux fois mon navire a pu échapper aux rapaces. Cela n'a pas été sans de sanglants combats. L'an passé au large du golfe de Gascogne, l'autre a l'escale de l'ile de Gorée. La moitié de mes marins ont été tués ou blessés. J'ai renoncé... Le front mobile de M. Colbert eut une mimique expressive, à la fois admirative et satisfaite. Rarement la question ne lui avait été exposée aussi clairement. Le roi l’écoutait demeurait songeur. — C est donc une question d'escorte? dit-il enfin. — En partie, Sire. Les — Exactement. Comme chez les Anglais et les Hollandais partent en groupe, escortés par des navires de guerre, et parviennent ainsi à maintenir leur commerce. — Je n'aime pas beaucoup ces marchands de harengs salés, gens-là, mais il serait sot de notre part de ne pas prendre à nos ennemis leurs méthodes en ce qu'elles ont de bon. Vous allez mettre cela sur pied, Colbert. Départs importants de gros navires marchands, escortés par des navires de guerre... Le roi et le ministre discutèrent un long moment sur les détails de ce projet, puis le souverain se tournant vers Il surprit au passage la moue dubitative d'Angélique. — Y a-t-il dans ce programme quelque chose qui vous semble de mauvais aloi, madame? L'ironie perçait sous le ton. Louis XIV ne pouvait s'empêcher d'avoir beaucoup de peine à prendre au sérieux les leçons d'une aussi jolie femme. Angélique lui demanda brusquement pourquoi elle cependant ne se montrait sceptique sur sa réalisation. Elle dut avouer que les déroba point... — Je pense, Sire, que monsieur Colbert n'a pas fini de se heurter à d'inextricables difficultés. Le caractère des Français se prête mal aux voyages collectifs. Chacun aime mener son affaire à sa façon. Les uns se trouveront prêts à prendre la mer au moment où les autres manqueront d'argent pour armer. C'est en vain que déjà de gros armateurs ont cherché à réaliser l'union nécessaire pour former d'importants convois. La main de Louis XIV se posa sur la table et s'y appuya avec force. — Cette fois ils agiront sur l'ordre du roi, dit-il. Son ton restait égal. Mais Angélique regardait cette main nue où se trahissait le poids de la volonté et du pouvoir. Monsieur Colbert consultait une fiche. — Voici un renseignement peut-être erroné, madame, mais je me suis laissé raconter qu'il y a avait plus d’une heure qu’ils se trouvaient dans ce bureau, et elle avait la sensation que le roi ne la laisserait pas aller, qu’elle ne lui eût livré entièrement le fruit de ses expériences heureuses ou malheureuses d’armatrice. Il avait le don deux ans, au moment où l'expédition militaire de poser les questions, d’obliger ses interlocuteurs à faire le point. Quelles étaient les autres raisons d’échec M. de Montevergue mettait voile pour la navigation l'ile Dauphine, vous auriez demandé de bénéficier de sa protection pour un voyage vers les Indes Orientales? La longueur du voyage, le manque d’escale française sur la route... Il y avait déjà songé. N’avait-elle pas entendu dire que deux ans plus tôt, une . — Votre renseignement est bon, monsieur le ministre, mais l'accord ne s'est pas fait, et je ne l'ai pas regretté.. — Et pourquoi? — Je ne voulais pas me laisser entraîner dans une expédition était partie pour s’assurer la possession de l’Ile Dauphine? Oui, elle ne l’ignorait pas, mais personne ne comptait trop là-dessus car vouée à l'échec. Le visage du roi se colora légèrement, malgré sa maîtrise. — Ignorez-vous que cette expédition était vouée à l’échec. ordonnée par moi, précisément dans le but d'aider au lancement de la Compagnie des Indes, en installant une escale importante à l'ile Dauphine? Le roi sursauta et serra les dents. — L'idée était excellente, Sire, et la réalisation indispensable. Mais les navires qui prirent la mer, en piteux état, mal révisés, et les gens qui les commandaient ne rêvaient que conquêtes folles, ignorant que Fort-Dauphine, où ils devaient aborder, n'était pas un Éden, qu'il fallait remonter sur de grandes distances. À l'intérieur de l'île pour trouver de l'eau potable, que les indigènes étaient fort hostiles. En bref, ces gentilshommes, courageux mais trop légers, M. de Montevergues en tête, allaient au-devant de la situation désastreuse où ils se trouvent présentement. Les yeux du roi étaient devenu de glace; devant le lourd silence qui suivit Angélique se troubla. Qu'avait-elle dit encore? Elle avait parlé en toute franchise, ainsi que le roi l'en avait priée. — Comment se fait-il, madame, reprit enfin celui-ci, que VOUS, vous déjà cela? Je vienssoyez au courant de recevoir l’envoyé la situation, désastreuse en effet pour ne pas dire perdue, de M. de Montevergue, le chef de l’expédition. Son à l'ile Dauphine? Le second de celui-ci a touché Bordeaux il y a quatre jours. Il était à Versailles ce matin. Il avait ordre de ne rien communiquer à quiconque avant de m'avoir vu. Je l'ai reçu toutes affaires cessantes, et il vient de sortir de mon cabinet. Se serait-il permis de bavarder? Il fallait tout dire. Comment — Sire, l'état de leurs difficultés n'était pas un secret pour les gens de mer étaient depuis longtemps au courant. Au cours de ces deux années des difficultés de l’expédition de l’île navires étrangers, en escale à l'ile Dauphine, certains navires ayant ont parfois pris en pitié, à leur bord, des malades de l'expédition, ravagés par le scorbut ou blessés par les sauvages... Comment sauvages, et qui souhaitaient être rapatriés. Louis XIV regarda Colbert. — Il n'en a pas moins fallu deux ans à monsieur de Montevergue pour m'envoyer les premières nouvelles, qu'il savait pourtant attendues avec impatience. — Il ferait beau voir que j'attende deux ans pour être rassurée sur le sort de mon bateau! dit Angélique, entraînée par son sujet. — Ouais! s'exclama le roi, qui ne put retenir un mouvement spontané. Prétendez-vous, madame, que votre poste puisse être mieux organisé que celle du roi de France? — Dans une certaine mesure, oui, Sire. Votre Majesté ne peut communiquer que directement. Et ce n'est pas trop de deux ans pour permettre au même navire d'aller et de revenir, sans compter le séjour que celui qui ramena cet officier, a fait à Fort-Dauphin. Les choses se passent autrement pour les marchands. Ainsi j'ai contracté une contre-assurance avec une compagnie de navigation hollandaise; lorsqu'un de ses navires croise le mien, il accepte de se charger du courrier. — Toujours les Hollandais! dit le roi avec humeur. Les armateurs se trouvaient renseignés français, pour leur commodité, me semblent trouver normal un trafic qui se rapproche assez de la trahison envers le royaume. — Trahison! Le mot est fort, Sire. Sommes-nous en guerre contre les Pays-Bas? — Certes non! Mais voici une chose qui me tourment plus vite que le roi grâce que je ne puis l'exprimer, monsieur Colbert. Que la France... LA FRANCE, entendez-vous, soit dans le domaine de la mer au-dessous de ces marchands de harengs salés. « Enfin, au temps de mon grand-père, Henry IV, la marine française avait grand renom. En ce temps-là son prestige était si fort qu'Anglais, Hollandais et même Vénitiens empruntaient le pavillon français pour naviguer en Méditerranée, en vertu de la sûreté que leur assurait le régime des assurances payées « capitations » passées entre navires de différentes nations et qui se chargeaient du courrier... Pourquoi l’expédition était vouée à l’échec, n’étant que militaire la France et la Sublime Porte. —Votre marine comptait alors qu’il aurait fallu des marchands, etc..., dit Colbert, plus de mille unités pour la seule Méditerranée. Elle parlait avec assurance de ces choses de la mer, car, ainsi que ceux qui possèdent une imagination vive, chaque mot pour elle créait un tableau précis, et l’attention soutenue du roi l’encourageait. Aux portes de ce bureau s’arrêtaient les rumeurs frivoles, les papotages incoercibles de la Cour, et le sort du monde pouvait s’y jouer alors qu’au-dehors tournait la fête. Ainsi travaillait le roi, capable de s’isoler de tout pour ne poursuivre, à chaque moment, qu’un seul but. Lorsqu’il se leva, Angélique s’aperçut seulement qu’elle était fatiguée, qu’elle avait très faim et qu’elle venait de s’entretenir deux heures avec le roi comme avec un ami de longue date. M. Colbert se retira. Angélique allait l’imiter quand le roi la retint. — Et maintenant? — Cinquante vaisseaux de vingt-quatre à cent vingt canons, toutes les cinq classes d'armement réunies, quelques frégates, brûlots, flûtes, et douze galères. C'est la misère, Sire! Le roi eut un mouvement et s'appuya contre le dossier de son fauteuil. Il se prit à méditer, le regard au loin. Sa tête brune à l'abondante chevelure qu'il gardait naturelle se détachait sur le bleu du dossier, où une couronne d'or était brodée parmi les fleurs de lys. — Mon dessein n'est pas de vous demander les raisons qui vous ont conduit à cette extrémité, dit-il enfin. Je ne les connais que trop. Nous n'avons pas fini de panser les maux que nous ont valu tant d'années de désordre. J'étais encore très jeune lorsque je commençais à jeter les yeux sur toutes les diverses parties de l'État, et non pas des yeux indifférents, mais des yeux de maître. Je fus sensiblement touché de n'en voir pas une qui ne me pressât d'y porter la main. Le désordre régnait partout. Je pris résolution de me garder de l'impatience et de n'aller qu'aux tâches les plus urgentes. Les années ont passé. Beaucoup de fleuves tumultueux commencent à rentrer dans leur cours. Voici le moment de nous occuper de la marine, monsieur Colbert. — Je m'y consacrerai, Sire, avec d'autant plus de soin que l'essor du commerce en dépend. Le roi s'était levé. Le ministre s'inclina et commença de sortir à reculons, s'arrêtant tous les trois pas pour un nouveau salut. — Un mot encore, monsieur Colbert. Ne prenez pas en mauvaise part ce que je vais vous dire et n'y voyez que de l'intérêt et l'amitié que je vous porte. Mais étant donné les hautes fonctions qui sont les vôtres, nous serions heureux de vous voir prendre un plus grand soin de votre mise et de votre présentation. Le ministre porta une main confuse à son menton mal rasé. — Que Votre Majesté me pardonne et qu'elle veuille bien considérer combien j'ai fort peu de temps en dehors de celui que je conserve à son service. J'ai veillé une partie de la nuit sur ce rapport de M. de Montevergue. De plus, n'ayant appris qu'au matin que Votre Majesté se trouvait encore à Versailles j'ai dû quitter en hâte mon domicile. — Je sais que votre dévouement est seul à incriminer, monsieur Colbert, et loin de moi de vouloir vous pousser à vous occuper de dentelles et de rubans autrement que pour augmenter le nombre de manufactures. Cependant si nous devons être modestes pour nous-même nous devons être fiers pour Laplace que nous occupons. L'honneur du trône et son prestige aux yeux du monde peuvent avoir à souffrir du peu d'éclat de ceux qui l'entourent. Il ne suffit pas de connaître. Il faut encore paraître. Prenez bonne note, je vous prie et... parlez-en à madame Colbert. Le sourire du roi atténuait ce que son observation pouvait avoir de blessant. Le ministre salua derechef et se retira. Angélique, qui commençait à être fatiguée et à avoir terriblement faim s'apprêtait à le suivre. Le roi la retint. — Veuillez demeurer, madame. Il contourna la table pour venir la rejoindre. Il était détendu, affable. Il ouvrit la bouche, puis renonça à parler. Son regard errait sur ce visage de femme levé vers lui, et soudain, semblait découvrir au-delà des apparences séduisantes de cette féminité, ce qu’il n’y cherchait jamais: une âme, une pensée, une personnalité. Il dit doucement, d’une façon rêveuse: * * * Il s'approcha d'elle. — Tout d'abord merci d'avoir bien voulu communiquer l'expérience de votre sagesse et prendre part à nos graves soucis. C'est très inattendu de trouver autant d'idées raisonnables rassemblées sous un aussi joli front, mais je vous promets que je ferai de mon mieux pour ne pas vous trouver excentrique. — Sire, vous m'en voyez très soulagée. — Il y a bien longtemps que vous n'étiez pas venue à Versailles, madame. Quelles raisons vous tenaient éloignées? La visite que vous y aviez faite vous avait-elle déçue? Y a-t-il eu dans mon accueil quelque chose qui vous a incitée à craindre de reparaître à la Cour? — Sire, s'écria-t-elle candidement bouleversée, soyez assuré que je garde de ce jour le souvenir le plus ébloui, le plus... — Monsieur du Plessis-Bellière aurait-il omis de vous transmettre mes invitation? Angélique hésita. — Mon mari a la réputation d'être distrait comme un savant de l'Académie... Et son caractère... — Il a un caractère impossible, dit le roi, mais je m'en accommode car il possède une qualité bien rare parmi ceux qui m'entourent: la fidélité à mon égard. Il m'a pourtant contrarié souvent en bien des points. Ne s'est-il pas marié sans me demander mon agrément? Et comment traitait-il ce mariage? Une bagatelle. Comme c'était une très charmante bagatelle, on lui a pardonné. Il observait Angélique avec attention. — Viendrez-vous à ma chasse demain? — Sire, j'en ai la ferme intention. — Je parlerai au marquis du Plessis afin qu'il vous garde dans ces bonnes intentions. — Elle retint un soupir de soulagement et son sourire s'épanouit. — Dans ces conditions, Sire, je vous remercie. suis certaine de pouvoir y assister. Le silence retomba. Le cœur d’Angélique cogna deux fois dans sa poitrine, sans qu’elle sût pourquoi, et elle eut conscience de rougir. Sur ces entrefaites, le premier gentilhomme de la Chambre au commandement du roi, le duc de Charost, se présenta. Sa Majesté assistera-t-elle au Grand Couvert ou désire-t-elle être servie en particulier? — —Puisque le Grand Couvert est prévu, ne décevons pas les badauds qui ont fait le voyage de Versailles pour y assister, dit le roi. assister. Allons dîner. Angélique fit sa révérence, qu'elle renouvela à la sortie du cabinet du roi. Sa Majesté lui dit encore: — Je crois que vous avez des fils? Sont-ils en âge de servir? — Sire, ils sont bien jeunes: sept et neuf ans. — Ils ont l'âge du Dauphin. Celui-ci va bientôt quitter le gouvernement des femmes et être remis à un précepteur. Je voudrais lui donner en même temps des compagnons qui partageraient ses jeux et le dégourdiraient un peu. Présentez-les-nous. Amenez-nous vos fils. Sous le regard envieux des courtisans rassemblés, Angélique fit une troisième révérence. sous le regard envieux des courtisans rassemblés. 8 ãëàâà – 3 òîì 9 ãëàâà – 7 òîì Debout derrière le souverain, le grand chambellan, M. de Bouillon, tenait la sienne d'une main ferme et son regard disait clairement qu'il ne laisserait plus à personne, même à un prince du sang, le droit de la lui usurper. Il fit l'Apprêt. *** — Mais j'y songe, reprit la Grande Mademoiselle, venez donc partager notre jeu. Nous cherchons une partenaire. Mme d’Arignys d'Orignys vient de nous quitter complètement désargentée. *** — La fin me plaît assez, dit Philippe. Qu'en pensez-vous, Madame? Et comme elle se taisait — Ce Molière est un habile homme, reprit-il un peu plus tard, alors que, la représentation finie, chacun revenait vers la salle de bal en passant par les jardins. Il sait qu'il écrit en premier lieu pour le roi et la Cour. Aussi met-il en scène des bourgeois et des petites gens. Mais comme il peint l'homme éternel chacun se reconnaît quand même sans se sentir atteint. 9 ãëàâà – 3 òîì 10 ãëàâà – 7 òîì Le trajet lui parut court tant ses pensées s'entremêlaient dans sa tête. Elle avait du mal à imaginer que trois jours à peine s'étaient écoulés. Toute cette vie nouvelle à la Cour l'inquiétait, la ravissait aussi. Elle était loin d'en démêler les fils complexes. Le faste et les réjouissances l'avaient moins subjuguée cette fois que la vie bouillonnante de ce monde fermé, réglée comme un ballet et explosive comme un volcan. Elle évoqua une parole du comte de Brienne. Elle l'avait rencontré piaffant sur une marche d'escalier et il lui avait raconté une histoire très compliquée au sujet de M. de Mazarin qui était devenu dévot, ce qui permettait à la princesse de Aréquier de l'entreprendre en le persuadant qu'il ne pouvait garder, en conscience, trois ou quatre charges qui demandaient une application ou une résidence personnelle, qu'ainsi il devait se démettre de l'une d'elle pour plaire à Dieu. Madame la princesse avait agi ainsi sur sa demande à lui, Birenne, pour lors entre les mains du duc de Mazarin: Personnellement ce gouvernement d'Alsace ne l'intéressait pas, mais lorsqu'il l'aurait, il le revendrait à M. de Longueville qui... Apercevant la lueur qui dansait dans les yeux d'Angélique, l'excitation de Brienne était tombée subitement: il avait eu un rire un peu pincé. —Moquez-vous, belle dame, moquez-vous, mais pas trop. Vous y viendrez comme les autres. Car sachez que l'on se couche à la Cour et l'on se lève sur l'intérêt; c'est ce qu'on digère le matin et le soir, le jour et la nuit. La Maison du roi est comme un grand marché où il faut nécessairement aller trafiquer pour le soutien de ses intérêts et des intérêts de ceux auxquels on est attaché. En tout cas elle, pour sa part, revenait bredouille car elle n'avait pu atteindre le but qu'elle s'était fixé, à savoir trouver d'urgence un petit emploi à la Cour. Elle n'avait pu joindre Louvois et finalement n'avait pas insisté, se demandant si, après tout, par M. Colbert, ou ce marquis de la Vallière, ou encore Brienne, ou la Grande Mademoiselle?... Il fallait réfléchir et tirer des plans... C'était diablement embrouillé! Le calme de son hôtel de la rue du Beautreillis lui ferait du bien. Elle était pétrie de courbatures, particulièrement aux genoux, conséquence des multiples révérences distribuées. Elle songea que l'état de courtisan devait aider à entretenir la souplesse des muscles jusqu'à un âge avancé. Pour sa part elle manquait encore d'entraînement. *** Le visage en feu, Mme du Plessis se fraya un passage assez difficile à travers la cohue hétéroclite des cochers et valets de bas étage sans aucun doute car la plupart n'avaient ni livrée ni insignes, et qui maintenant ne reconnaissaient même pas la maîtresse du lieu. L'un d'eux, un rustre au nez rouge et puant le vin, ne lui laissa le passage qu'en maugréant. *** Angélique poussa le personnage et passa, poursuivie par les huées de la valetaille et quelques exclamations joviales. — Pas commode, la belle gironde! Mais tu vas trouver à qui parler. L'est pas commode la marquise: un vrai chameau! Cachant son inquiétude croissante elle pénétra dans son antichambre, qu'elle trouva archi-bondée de personnes qui lui étaient totalement inconnues. *** Avec une souplesse surprenante il s'agenouilla devant elle et toucha plusieurs fois le tapis de son front chenu. Puis il se releva en s'excusant de cette habitude orientale qu'il avait conservée de sa longue captivité chez les Barbaresques. Ottomans. *** D'ailleurs, ajouta l'homme, la plupart de ces garçons n'avaient pas vu malice au fait de transporter les chevaux et les carrosses de Mme la marquise dans les communs de M. le marquis. — Vous ne devez obéir qu'à moi ici! fit Angélique qui bouillonnait de rage contenue.

urfine: 10 ãëàâà – 3 òîì 11 ãëàâà – 7 òîì Angélique fit une nouvelle révérence et resta à hauteur de Sa Majesté tandis que le gros de la suite se maintenait à quelque distance. « Encore deux apartés de ce genre et je vais voir doubler le nombre des solliciteurs à mes portes », pensa-t-elle. pensa-t-elle, plus ennuyée que flattée. *** Le roi orchestrait tout ce ballet compliqué avec une conscience pointilleuse jamais lassée, attentive. Il « avançait » tous ceux qui servaient autour de sa personne. Il fallait être vu et revu. Une insolence coûtait moins cher qu'une absence. * * * Elle apprit peu après que Binet avait reçu la charge de premier perruquier du roi. Il s’était acquis la reconnaissance de son souverain en lui présentant une perruque qui comportait des ouvertures par lesquelles Sa Majesté pouvait faire sortir d’amples mèches de sa propre chevelure. Ainsi le roi n’aurait pas à sacrifier sa parure naturelle, tout en profitant cependant des avantages et des commodités de la perruque. Toute la Cour voulut se faire coiffer par lui ou porter des perruques de sa création. On ne s’estimait à la mode qu’après être passé entre ses mains. Les élégants créèrent un mot nouveau. — Que pensez-vous de ma «binette»? se demandaient-ils au passage. Et la ronde ininterrompue des divertissements, bals, soupers, comédies, cavalcades, revues, entraînaient la foule avide dans l'orbite du soleil. 11 ãëàâà – 3 òîì 12 ãëàâà – 7 òîì Aux premières neiges, qui furent précoces cette année- A quelques temps de là, toute la Cour s’en fut à Angélique reçut une nouvelle invitation royale, transmise par Louvois, de suivre la Cour à fontainebleau, où l'on resterait quelques jours. —La reine et toutes les dames partiront d'ici l'après-midi et arriverons là-bas à la nuit. Soyez présente, car la chevauchée est belle, avec les porteurs de torches qui suivent les voitures tout le long de la route, et les musiques militaires qui nous escortent. A Fontainebleau on trouvera grande collation en arrivant. Ensuite de quoi il doit y avoir comédie, bal et un grand souper. Les jours suivants il y aura chasse au loup. C'est dans ce dessein que nous passons l'automne à Fontainebleau. Les paysans de la région avaient réclamé l’appui de leur seigneur, le roi de France, puis longtemps réclament l'aide des chasses royales pour venir les aider à se débarrasser des loups, qui leur causaient de grands ravages. ces fauves. Il semblerait que l'un d'eux, particulièrement redoutable, cause l'effroi depuis plusieurs années en attaquant l'homme solitaire, en allant jusqu'à enlever des agneaux. On craint pour les enfants. Nous allons donc répondre à l'attente de nos pauvres sujets. *** On y resterait huit jours à chasser le loup, ce qui n'empêcherait pas, comme l'avait souligné le roi, bals, théâtre et ces charmantes collations de minuit appelées ´ médianoche. 11 ãëàâà (ïðîäîëæåíèå) – 3 òîì 13 ãëàâà – 7 òîì Elle s'assit sur le premier sofa venu, dans un des renfoncements qui encadraient les fenêtres. Avec précaution elle souleva le morceau de linon roulé en boule et vit son poignet bleui; des gouttes de sang sombre y perlaient. Avec quelle sauvagerie il l'avait mordue! Et quelle hypocrisie ensuite! « Prenez garde à vos mouvements, le vin ne vous réussit pas. »On allait répandre le bruit que Mme du Plessis était ivre à bousculer Madame... Une jeune femme incapable de se tenir dans le monde!... à la Cour! Elle renifla nerveusement, écrasée de chagrin comme une petite fille que de méchants enfants ont repoussée. A quel prix Philippe avait-il estimé devoir la nourrir? Vingt sols, comme la Dimanche! C'était stupide! Elle aurait dû en rire et pourtant elle ne pouvait s'empêcher d'en pleurer. Le marquis de Lauzun qui passait, lui aussi en habit bleu, reconnut la silhouette féminine assise. *** Il était du Sud, un Gascon brûlant comme le soleil et vif comme la truite qu'on pêche dans les gaves des Pyrénées. Positivement il réchauffait par sa présence. Elle soupira détendue, et s'appuyant contre le dos du canapé elle le regarda avec amitié. Il sourit. — Ça va mieux? *** — Vous dites que ce coin discret où nous nous trouvons s'appelle le cabinet de Vénus? s'informa Angélique d'une voix encore incertaine. *** Angélique eut un petit soupir tremblé, incoercible.. *** — Qu'y a-t-il là, dans votre méchante petite caboche? Des calculs, des projets, des échafaudages périlleux d'affaires compliquées qui laissent pantois jusqu'à M. Colbert et tout marri M. Le Tellier? Les graves bonshommes vous tirent leur calotte et les jeunes, affolés, ne savent comment garder leurs derniers sols de vos mains rapaces. Et avec cela, un visage d'ange, des yeux qui vous noient dans leur lumière, des lèvres qu'on ne peut regarder sans avoir envie de les meurtrir de baisers! Votre cruauté atteint au raffinement. Vous vous composez des apparitions stupéfiantes de déesse... Et pour qui? Je vous le demande? Pour vous seule, pour votre ambition personnelle?... Où est-il le maître qui rabattra votre superbe et qui sera capable de vous rendre heureuse, tremblante et même un peu sotte comme toutes femme amoureuse?... — Eh bien! protesta Angélique, suffoquée par ce discours véhément, si vous ne trouvez pas que je possède un maître tyrannique? — Ce n'est pas ainsi qu'il convient de vous dompter. Vous êtes devant lui comme une mauvaise bête qui regimbe sous le licou. Et si vous pliez c'est toujours avec l'arrière-pensée de prendre votre revanche le plus tôt possible, d'un coup de sabot sournois. Mais votre cœur et votre corps restent froids comme un écu d'argent qu'aucune paume humaine n'a réchauffé. La violence soudaine de Lauzun démontait Angélique. atteignait Angélique, et ses nerfs sensibilisés recevaient chaque parole comme un coup. Elle dit faiblement: — Que voulez-vous, hasarda-t-elle, j’ai tant à faire. —Je ne pense pas que je sois froide, mais sans doute ne suis-je pas très exigeante. Et puis j'ai tant à faire... — Que diable une femme peut-elle avoir à faire d'autre que l'amour?... En vérité, vous n'êtes qu'une égoïste enfermée dans une tour que vous vous êtes construite pour vous préserver de la vie. Elle demeurait surprise de tant de perspicacité sous cette perruque légère de courtisan. — C'est cela et ce n'est pas tout à fait cela, Lauzun. Qui peut me comprendre?... Vous n'avez pas été en Enfer... Elle abandonna sa tête en arrière et ferma les yeux, prise d'une grande lassitude. Tout à l'heure elle était brûlante, mais maintenant il lui semblait éprouver la froideur de son sang dans ses veines. Quelque chose qui ressemblait à la mort où à l'approche de la vieillesse. Elle eut envie d'appeler Péguilin à son secours et en même temps sa raison lui démontra que ce sauveteur pourrait l’entraîner vers d’autres dangers; fit comprendre le danger de la conversation où ils étaient engagés. Outre qu'elle n'avait aucune envie d'aggraver sa situation vis-à-vis de Philippe en le trompant, les complications d'aventures sentimentales ne l'attiraient pas. L'existence était bien assez difficile comme cela. Se souvenant de ses récentes découvertes psychologiques, elle décida de s'éloigner du terrain glissant. Elle se redressa et demanda d'un ton enjoué. *** Elle lui obéit, haletante et docile. Le voile doré de l'oubli voluptueux tombait sur ses peines. Elle n'était plus qu'un corps ardent, affamé de son seul plaisir, et sans souci du lieu où elle se trouvait, ni même du partenaire adroit qui la faisait vibrer. Elle s'abandonnait, puis recherchait l'affrontement jusqu'à le reconnaître, se laisser aller, se laisser couler infiniment, à jamais... *** Le marquis comte de Lauzun semblait transformé en statue de sel. 12 ãëàâà – 3 òîì 14 ãëàâà – 7 òîì « Voilà bien ma chance! se dit-elle en contemplant avec amertume son image aux paupières bleuies de fatigue dans la haute psyché de son cabinet de toilette. Il y a chaque jour et chaque nuit à la Cour un nombre incalculable de femmes qui trompent leur mari avec la plus grande aisance du monde, et pour une fois que cela m'arrive, le feu du Ciel tombe sur la terre. Pas de chance, vraiment! » Ses trop copieuses libations de la veille lui laissaient la langue pâteuse et le cerveau embrumé. Elle était au bord des larmes. *** La blessure ne paraissait pas grave. Une longue estafilade partait de l'épaule droite jusqu'au sein gauche mais n'avait entamé que la surface des chairs. Angélique la lava, y appliqua de la moutarde de Maille et de la poudre d'écrevisse et finalement un emplâtre des douze Apôtres. *** Je n'allais tout de même pas m'évanouir pour un Péguilin de Lauzun... J'étais navrée, bien sûr... Mais alors, c'est vous, Philippe, qui avez été battu? eu le dessous? — ⁃ Il fallait bien se dévouer pour arrêter cette stupidité. Et je n'allais pas trancher une amitié militaire de vingt années avec Péguilin pour une... bagatelle. Son teint blanchissait, son regard se voilait sous une défaillance. — — … bagatelle, fit-elle vivement afin d'éviter le mot grossier. Oui, je sais... le roi vous appelle ainsi je crois: m'appelle aussi Bagatelle. Les yeux d’Angélique se remplirent à nouveau de larmes. Elle posa la main sur son front. Comme il avait l’air faible, lui si dur! — Elle éclata en sanglots. Ce n'était pas dans son tempérament de larmoyer à tous propos, mais le généreux accueil qu'elle avait fait, la veille, aux vins de Fontainebleau, semblaient avoir ouvert en elle une source intarissable. Ses larmes tombaient sur les bandes de charpie qu'elle continuait d'enrouler autour du buste du blessé.. —Oh! Philippe, murmura-t-elle, quel gâchis! Et vous veniez de me sauver la vie!... Philippe! Oh! pourquoi Philippe! Tout cela est tellement bête!... Pourquoi les choses n'ont-elles pas tourné autrement J'aurais tellement aimé... pouvoir vous aimer. 13 ãëàâà – 3 òîì 15 ãëàâà – 7 òîì Angélique, de ce visage sérieux tendu vers elle et modelé de clarté blême, revenait aux deux mains posées sur la table noire, mains au repos, immobiles et puissantes, sans un frémissement, mains de Roi. *** Elle sourit, son regard tourné vers la fenêtre. La pluie avait cessé. Un rayon de soleil surgit entre deux nuées, faisant luire les pavés de marbre, où un carrosse à houssine orangée pénétrait, tiré par quatre chevaux noirs. Le rayon de lumière vint toucher le visage d'Angélique. — Déjà il refusait de m'embrasser, soupira-t-elle, et il agitait son mouchoir de dentelle avec horreur autour de lui lorsque nous l'approchions, mes petites sœurs et moi. 14 ãëàâà – 3 òîì 16 ãëàâà – 7 òîì C'était un gros petit garçon, la bouche toujours un peu entrouverte car il avait le nez « facilement gâté» disait sa gouvernante. D'intelligence moyenne mais de caractère aimable, il semblait devait déjà, à six ans et demi, mal à l’aise dans son s'adapter au rôle difficile de fils de Louis XIV. Attitude qu'il devait garder toute sa vie. Il avait grandi en enfant unique, deux petites princesses étant mortes dès leur naissance et dont l'une était noire comme une Mauresque, disait-on, « car la reine avait bu trop de chocolat en l’attendant». La troisième, Marie-Thérèse, atteignait dix mois. *** La voix de Cantor ne pouvait être comparée qu'à celle d'un ange. Elle était d'une pureté indicible, et pourtant ferme, bien soutenue avec des notes longues qui ne fléchissaient pas. Elle était claire et cristalline, mais sans la fadeur un peu niaise mièvre des voix enfantines. 15 ãëàâà – 3 òîì 16 ãëàâà (ïðîäîëæåíèå) – 7 òîì On convint que lorsque Monseigneur le Dauphin serait remis aux mains des hommes, Florimond et Cantor prendraient place parmi les seigneurs de sa suite afin de l'accompagner au manège, au jeu de paume et fort bientôt, à la chasse. Ainsi, les deux gamins à peine sortis des langes allaient se trouver pourvus d'une charge alors que leur propre mère ne pouvait y parvenir. Il lui faudrait se contenter, comme une matrone à la retraite, de compter ses écus pour acheter l'emploi de messieurs Florimond et Cantor de Morens-Bellière. C'était cocasse et un peu vexatoire. Angélique se demandait ce qui se passait. Elle avait cru comprendre que la compétence seule et l'argent étaient tout puissants pour ces achats d'emploi de Cour, mais, malgré sa fortune, elle ne parvenait pas à se voir attribuer la moindre situation, comme celle de deuxième dame d'atours de la Reine qu'elle avait postulée, pour la voir finalement enlevée par une parente pauvre de Mlle de la Vallière. « On a beau jeu de parler de disgrâce de celle-ci, » se disait-elle, commençant à partager la rancune sourde des courtisans contre cette favorite qui était l'humilité même, et qui trouvait cependant le moyen de gêner tout le monde. On finissait par souhaiter auprès du prince une de ces femmes arrogantes et peu scrupuleuses, dans la bonne filière des maîtresses royales, amies des arts et du luxe, participant au jeu des coteries et représentant une pièce de fond sur l'échiquier des intrigues. Alors Angélique songeait à Mme de Montespan. Mais jusqu'ici la belle marquise ne lui avait pas servi à atteindre son but, bien qu'elle l'eût épaulée en maintes circonstances. Où était-elle exactement de ses avances auprès du roi? Si elle eût triomphé déjà, Angélique l'aurait su. Non, l'heure propice n'avait pas encore sonné, ni pour elle ni pour Angélique, qui supputait d'attacher sa fortune à la réussite de la noble poitevine. En attendant elle continuait à se sentir à l'écart et enrageait. Tant qu'elle ne serait pas à la Cour, elle ne participerait pas aux réjouissances et aux déplacements que sur invitation expresse; elle demeurait en somme dépendante de l'humeur fantasque et tyrannique de son mari, et cette situation instable lui mettait les nerfs à fleur de peau. Pouvait-on imaginer un époux plus extravagant, qui, après avoir été tiré de la Bastille par sa femme éplorée, ne songeait même pas à venir lui rendre une visite de politesse? On était en cette saison où Paris s'éveille peu à peu, aux sons des violons et au bruit des rires. Malgré la paix des traités, l'habitude de la guerre avait continué à tenir la plupart des gentilshommes absents. pendant l'été. Lorsqu'ils n'avaient plus à se battre contre l'Espagnol, ils allaient se battre contre les Turcs ou l'évêque de Munster. Novembre venu, par une entente tacite les guerriers faisaient trêve. Les officiers licenciaient les troupes inutiles logeaient les autres en quartiers d'hiver et regagnaient en hâte la capitale et la Cour. Et dans la nuit tôt venue commençaient à s'allumer les lampions des fêtes de l'hiver, qui iraient se multipliant jusqu'aux feux d'artifice et à l'immense saturnales du Carnaval. La reine et les dames se montraient encore modérées. Elles observaient, au moins jusqu'à l'Ephiphanie, les prescriptions religieuses, écouteraient les sermons et feraient des visites charitables. Mais le roi, Monsieur, les princes, les officiers de la couronne et les grands seigneurs ne se croyaient pas astreints à l'austérité. Simplement leurs ébats restaient modestes; on en connaîtrait bientôt de plus pimentés. Pour l'instant toute la compagnie pérégrinait gaiment de St-Germain à Versailles, à Vincennes, à St-Cloud, où Monsieur avait sa maison de campagne. Les plaisirs de la bouche, en de somptueuses collations, joints à ceux de la danse, de la conversation et du jeu, constituaient le plus agréable des avant-propos aux jours de dissipation qui suivraient la Fête des Rois. Angélique s'apercevait avec humeur qu'elle avait de la peine à suivre le mouvement. Sa prochaine maternité commençait à l'alourdir. Là encore, Philippe était la cause d'un handicap qui l'obligerait bientôt à se tenir à l'écart du monde. Elle avait beau se serrer, et la mode être généreuse pour les formes épanouies, elle ne pouvait plus endosser ses plus belles toilettes. C'était bien encore sa chance que cet enfant fût le plus gros de ceux qu'elle avait portés! 16 ãëàâà – 3 òîì 17 ãëàâà– 7 òîì Entre l’opinion professionnelle l'opinion « pharmaceutique » de maître Savary, et mythologique du bon La Fontaine sur l'île de Candie, il en émit une troisième. *** — Nos représentants y sont respectés, je crois. L'île de Crête est une ancienne colonie vénitienne. Depuis quelques années les Turcs se sont mis en tête de s'en emparer et l’île a dû repousser plusieurs assauts. l'île est désormais entre leurs mains. *** Oui. Croyez-vous que nous acceptions facilement de voir des compétences comme les vôtres demeurer inutilisées pour le bien de l'État? C'est un des grands dons de Sa Majesté que de faire flèche de tout bois. En ce qui vous concerne, Elle a de la difficulté de se persuader qu'une jolie femme peut ajouter à ses charmes d'autres qualités, d'intelligence pratique. Je l'ai convaincue que de ne pas vous pourriez lui rendre les plus grands services. De plus votre pourvoir trop vite d'un emploi de Cour, que n'importe quelle sotte pourrait tenir. Vous avez autre chose à faire que de briguer la place de dame d'atours de la Reine, ou autres billevesées. Laissez cela aux jeunes filles de noblesse pauvre qui n'ont que leur séduction pour payer leur charge. Votre fortune est immense et bon teint. Cela vous donne du pouvoir. Angélique se rembrunit. — J'ai de l'argent, c'est entendu, fit-elle, mais certes pas de quoi sauver le royaume. — ⁃ —Qui vous parle d'argent? C'est de travail qu'il s'agit. C'est le travail qui reformera le pays et reconstituera sa richesse disparue. Voyez, j'étais simple marchand de drap, me voilà ministre, mais cela ne me flatte pas. Tandis que je suis fier d'être directeur des manufactures royales. Nous pouvons et nous devons faire mieux en France qu'à l'étranger. Mais nous sommes trop divisés. Moi aussi j'aurais pu continuer mon commerce et l'agrandir pour moi seul. J'ai préféré apprendre le métier d'État auprès du cardinal de Mazarin, et ensuite apporter mon sens du commerce et d'organisation à l'État. Ceci le rend plus fort et moi avec. Le roi lui-même, pour jeune qu'il soit, a eu de bonne heure le même principe. C'est aussi un élève du Cardinal, mais il le dépasse en sagesse, car il sait sur quelle matière il travaille. Feu M. le Cardinal ne connaissait rien aux Français. Il avait beaucoup d'intuition politique et peu d'intuition humaine. Notre roi actuel œuvre comme quatre rois ne le font pas, mais il n'estime pas déchoir en cherchant autour de lui beaucoup de personnes pouvant le seconder. Au fur et à mesure qu'il parlait, Colbert avait l'air de plus en plus fâché. Lorsqu'il se tut son expression était si furieuse qu'Angélique ne put se retenir de lui en demander la raison. —C'est que je ne sais ce qui me prend de vous raconter cela. Vous avez un certain don d’écouter et de Du diable si madame Colbert m'a jamais vu aussi bavard sur mes sentiments. Angélique s'égaya et dit que bien souvent des hommes réputés pour leur caractère hermétique lui avaient reproché d'attirer leurs confidences. —Je n'y mets pas malice, monsieur le ministre, croyez-moi. L'intérêt des paroles que vous prononcez retient passionnément mon attention, et je pense que cette passion vous détermine à poursuivre un discours votre Votre grandeur était déjà bien aimable de vouloir m'honorer. Colbert prit l'air d'un oiseau ayant avalé un crapaud trop gros pour lui. Il détestait la flatterie où il soupçonnait des intentions louches. Tournant un regard sombre vers Angélique il crut discerner sa sincérité. —Après tout, grommela-t-il, le don de s'intéresser aux pensées d’autrui. Ce don, vous allez l’utiliser pour nous auprès de tous. Vous flatterez les d'autrui n'est pas si répandu. Le sourire lui revint. —Utilisez-le auprès des barbons par votre attention. , madame. Pour les jeunes hommes, votre séduction de votre personne suffira. Et pour les femmes, votre élégance, votre entrain, les persuadera facilement persuaderont de vous suivre vos opinions. En somme, vous disposez d'armes non négligeables. ×àñòü 2,1 ãëàâà – 3 òîì 18 ãëàâà– 7 òîì Íåò. ×àñòü 2,2 ãëàâà – 3 òîì 19 ãëàâà– 7 òîì Philippe serra les dents. Il posa vivement la main sur ce regard. — Ne crains rien, répéta-t-il, ne crains plus rien maintenant... — C'est un garçon, dit la sage-femme. L'invincible sommeil des accouchées s'appesantissait sur elle. Elle chercha des yeux Philippe —Qu'il est laid dit la voix de Philippe en écho. Mme Sordet protesta. ⁃ C'est un enfant superbe! On voit bien que monsieur le marquis n'a pas l'habitude de voir des enfants nouveaux-nés!.. Angélique voyait Philippe tendre à bout de bras un petit paquet rouge, dans un linge, en criant: — Mon fils! Mon fils! Il riait. On transporta la jeune femme dans son lit aux draps parfumés, où la bassinoire de cuivre avait passé et repassé. Angélique serrait les paupière sur des larmes. Ses jambes étaient saisies d'un tremblement qu'elle ne pouvait maîtriser. Elle détestait Philippe. Il était cruel et vindicatif. Il n'y avait rien à espérer d'un homme pareil. Elle serait seule toute sa vie! Elle se laissa étendre sur son lit aux draps parfumés, où la bassinoire de cuivre avait passé et repassé. L'invincible sommeil des accouchées s'appesantissait sur elle. Elle chercha des yeux Philippe. —Vous vous endormez? fit la voix de Philippe. avec une sorte d'étonnement. Il se penchait sur le berceau de son fils. «Maintenant je ne suis plus intéressante», se dit-elle, frappée de déception. Cependant une impression de bonheur la poursuivait dans son repos. ×àñòü 2, 3 ãëàâà – 3 òîì 19 ãëàâà (ïðîäîëæåíèå)– 7 òîì Il se penchait sur le berceau de son fils. «Maintenant je ne suis plus intéressante», se dit-elle, frappée de déception. Cependant une impression de bonheur la poursuivait dans son repos. A plusieurs reprises, elle ouvrit les yeux. Il était toujours là, veillant sur elle, comme un archange bleu, lointain.

urfine: ×àñòü 2, 4 ãëàâà – 3 òîì 20 ãëàâà – 7 òîì Angélique dédaignait les allusions et haussait les épaules. Ces gens étaient fous, mais à tout prendre distrayants! Sa chambre ne désemplissait pas. Elle recevait dans sa ruelle comme une Précieuse. Beaucoup de physionomies, un peu oubliées, reparurent à cette occasion. Sa sœur Hortense, la femme du procureur, vint avec toute sa nichée. Elle se haussait un peu plus chaque jour sur les degrés de la grande bourgeoisie et elle ne pouvait dédaigner une relation aussi en vue que sa sœur, la marquise du Plessis-Bellière. Certain jour elle fut heureuse de reconnaître dans la personne qui entrait Françoise d'Aubigné, veuve du poète Scarron Mme Scarron vint également.. Par hasard Angélique n’avait pas de visite. Elles purent deviser tranquillement. La compagnie de la jeune veuve était agréable. Toujours d’humeur égale, elle semblait ignorer la médisance et l’ironie, la violence et la bouderie. Elle n’était ni ennuyeuse, ni chagrine. Ni sévère. Angélique s’étonnait de ne pouvoir éprouver à son égard l’amitié chaleureuse et confiante que lui inspirait Ninon de Lenclos. Françoise, elle, elle savait que celle-ci continuait de mener la lutte entreprise pour trouver un état qui lui permettrait de vivre dans ses goûts et talents de mondaine qu'elle avait si parfaitement démontrés au chevet du poète satirique, recevant le tout-Paris avec brio, malgré sa jeunesse d'alors. Mais sans appui, elle demeurait en bas, car dans la lutte entreprise elle n’entendait elle n'entendait abandonner ni sa vertu, ni sa dignité. D'une économie scrupuleuse elle ne dépensait pas un sol inutile. Prudente, elle ne s'engageait dans aucune affaire hasardeuse. Malgré sa pauvreté et sa beauté, on ne lui connaissait ni dettes, ni amant. Elle se contentait de présenter des placets avec une inaltérable persévérance. Mendier au roi n’est pas mendier. C’est réclamer du royaume sa part de vie, sa place au soleil. Jusqu’ici on la lui avait refusée. Elle était si pauvre. Avec la richesse on pouvait obtenir un peu plus. — — Je n’aime pas me poser en exemple, lui expliqua Françoise, mais considérez que j’ai présenté au roi en personne ou par l’intermédiaire d’amis haut placés plus de 1800 requêtes! Deux dames d'importance, Madame de Choisy et Madame de Ludre quittaient le chevet de l'accouchée. En croisant Françoise, Scarron, elles la saluèrent. —Françoise, dit Mme de Ludre, ce qu'on raconte est-t-il vrai? On dit que vous auriez présenté au roi en personne, ou par l'intermédiaire d'amis haut placés, plus de 1800 requêtes? — Hein? s'exclama Angélique en se dressant sur son lit. — Et qu’à part quelques maigres bénéfices qui m’ont été retirés presque aussitôt, je n’ai rien obtenu. Mais je ne me décourage pas. Car un jour viendra où ce que je peux proposer d’honnête et d’utile pour le service de Sa Majesté ou de quelque grande famille prendra son prix... Peut-être à cause de sa rateté même. — Etes-vous si — Françoise êtes-vous sûre que votre système a du bon? Demanda Mme de Choisy. J'ai entendu raconter que Sa Majesté se plaignait «qu'il pleuvait des mémoires de Mme Scarron comme des feuilles d'automne » et que vous étiez sur le point de devenir à ses yeux un personnage aussi immuable que ceux des tapisseries de Saint-Germain et de Versailles. En bonne hôtesse qui veut éviter un incident diplomatique entre les personnes qu'elle reçoit, Angélique voulait intervenir, mais Mme Scarron-d'Aubingé savait faire front. — La sérénité de Françoise ne parut pas altérée. — Votre nouvelle n’est pas mauvaise. Quoique le roi s’en défende, rien ne lui plaît tant que l’assiduité, et pour réussir il faut d’abord attirer l’attention du souverain. C’est chose faite me dites-vous. Alors je suis certaine d’atteindre mon but. —La nouvelle n'est pas mauvaise, dit-elle, quoique le roi s'en défende, rien ne lui plait tant que l'assiduité et pour réussir il faut d'abord attirer l'attention du roi. C'est chose faite me dites-vous. Alors je suis certaine d’atteindre mon but. — C’est-à-dire? — Le succès! Il y avait dans son regard une flamme brûlante. Elle continua en baissant le ton: Elle gardait son habituelle expression enjouée et indulgente à toutes sottises et maladresses qui peuvent s'échanger à longueur de temps sous les lambris des demeures royales. — Et qu'en est-il de ce bruit qui a couru que vous étiez une convertie de la Réforme? — Le roi lui-même est parfaitement rassuré à ce sujet. Ma mère, Jeanne de Cardihac, était catholique et m'a fait baptiser catholique... Elle ajouta après un silence dont ses interlocutrices ne profitèrent pas pour lui parler de sa tante, protestante notoire, qui l'avait élevée: — Il est vrai que l'attitude de chacun vis-à-vis de la religion dans laquelle il a été élevé ménage des surprises. Ainsi mon père Constan d'Aubigné, qui a farouchement combattu son père, Agrippa, grand nom de la Réforme, jusqu'à le faire quitter son domaine du Poitou et s'exiler à Genève, n'a jamais songé pour sa part à abjurer. De sorte que sentant venir la mort il dut se réfugier à Orange. — Pourquoi à Orange? — Parce que cette jolie ville de Provence appartient aux princes de Nassau, famille royale des Hollandais. De sorte que tous les habitants sont protestants, plutôt luthériens je crois, ce qui autorise le roi de France à y pénétrer militairement de temps en temps. — Comme le comtat Venaissin et la ville d'Avignon appartiennent au pape, dit Mme de Ludre qui ne voulait pas être en reste de connaissance. ⁃ Oui! Et Constan trouvait à Orange des ministres pour l'enterrer religieusement, et non pas comme un chien, ce qui lui serait arrivé s'il était demeuré en territoire catholique. Satisfaites de cette entrevue avec une des personnalités réputées du Marais, les deux dames se retirèrent et Françoise Scarron vint s'assoir près du lit. Angélique, je vous vois perplexe à l'énoncé du chiffre de mes suppliques, mais il y a aussi des petits billets que je rédige pour ceux qui accompagnent le roi et auxquels je remets les placets, et d'autres personnes à l'amitié desquelles je dois me rappeler souvent. C'est tout une stratégie et je sais que vous me comprenez. Mendier au roi n'est pas mendier. C'est lui rappeler qu'il doit à chacun une place au soleil, chacun de ses sujets étant destiné à le servir dans la mesure de leurs forces et capacités. Elle parut hésiter et continua. — Je suis très méfiante avec les bavards, mais vous ne l'êtes pas, Angélique! Car si vous discourez volontiers et non sans esprit, c'est souvent pour donner le change sur vous-même et pour dissimuler ce qu'il y a de plus cher important en vous. Continuez à vous taire ainsi. C'est la bonne façon pour se mêler au monde, tout en demeurant à l'abri. Moi, je me tais depuis des années. Mais je vous ferai, à vous, une confidence dont je n'ai encore fait part à personne et qui vous expliquera le secret de ma persévérance: J'ai été l'objet d'une prophétie. — Voulez-vous parler de ces prédictions saugrenues que nous avait faites la devineresse Mauvoisin, certain jour où nous étions allées la visiter toutes trois, Athénaïs de Montespan, vous et moi? — Non. À vrai dire, la Voisin m'inspire assez peu de confiance. Elle cherche par trop ses effets dans sa cruche de vin. La prophétie à laquelle je songe m'a été faite à Versailles, il y a trois un ou deux ans, par un jeune ouvrier. Vous savez que beaucoup de gens simples, qui travaillent manuellement et dont le cerveau n'a jamais été cultivé, possèdent ce don de double vue. C'était un apprenti-maçon bègue et qui avait un pied-bot. Je traversais l'un des chantiers autour du palais, où Sa Majesté entreprend toujours de nouveaux embellissements. Ce garçon s'est levé, est venu à moi et m'a fait de profondes révérences. Ses compagnons étaient intrigués mais ne se moquaient pas car ils le connaissaient pour devin. Il a dit alors, avec un regard illuminé, qu'il saluait en moi « la première femme du royaume » et qu'à cette place où nous étions il voyait le palais de Versailles plus majestueux et plus immense encore, et tous les courtisans s'inclinant, le chapeau à la main, sur mon passage. Lorsque le découragement me gagne, ces paroles me reviennent en mémoire et je retourne à Versailles, puisque semble-t-il, c'est là que le destin m'attend. Elle eut un sourire, qui se voulait dégagé, mais ses yeux sombres continuaient à briller d'un feu ardent. Venant d’une autre le récit eût fait sourire Angélique. De la part de Mme Scarron elle en demeura impressionnée. Elle la voyait maintenant sous son vrai jour. Démesurément ambitieuse, avec un amour-propre sans limite. Humble et modeste à la surface, tenace et pétrie d’orgueil au fond. Loin de sentir augmenter son antipathie, son amitié avec Mme Scarron lui parut plus précieuse à conserver. — Eclairez-moi, Angélique pour sa part était impressionnée, car venant de Françoise d'Aubingé, si peu prétentieuse et si secrète, cette vision qui semblait la placer parmi les hauts rangs de la Cour avait quelque chose de vraisemblable. L'expérience de la vie ses connaissances multiples l'enveloppaient comme d'un voile de perfection et Angélique se disait qu'elle ne se lasserait jamais de la voir marcher, car elle avait une science personnelle du mouvement des plis de sa robe, celle-ci fut-elle des plus simples. — Éclairez-moi, dit-elle, vous qui avez tant de lumières sur bien des choses. J'avoue que je ne conçois rien aux obstacles qui se dressent devant moi, à la Cour. J'ai soupçonné longtemps mon mari d'intriguer... — Votre mari est un innocent. Il sait ce qui se passe car il a une grande expérience de la Cour, mais aucune envie d'intervenir. En vérité vous êtes trop belle! — Comment cela peut-il me nuire? Et à qui? Il y a des femmes plus belles que moi, Françoise! Ne me flattez pas stupidement. — Vous êtes aussi trop... différente. — Le roi m'a déjà dit quelque chose comme cela, murmura Angélique, rêveuse. — Vous voyez! Non seulement vous êtes parmi les femmes les plus belles de la Cour, vous avez les moyens de vous parer admirablement, vous charmez ou amusez votre entourage dès que vous ouvrez la bouche, mais encore vous possédez cette chose inappréciable que tant de beautés frivoles rêvent d'acquérir sans jamais y parvenir... — Quoi donc? — ⁃ Une âme, dit Mme Scarron d’un en baissant le ton lamentable. L’ardeur s’était éteinte sur son visage. Elle regardait ses deux mains charmantes posées sur ses genoux, et que les durs travaux du ménage avaient meurtries malgré les soins qu’elle en prenait. — Dans ces conditions, comment voulez-vous éviter de... de faire lever des légions d'ennemis sous vos pas... dès que vous paraissez, acheva-t-elle dans un souffle désolé. Et elle éclata en larmes. Des larmes. brillaient dans ses yeux. — Françoise, supplia Angélique, ne me dites pas que vous pleurez à cause de moi ou de mon âme! — Non... à vrai dire. C'est parce que je pensais aussi à mon propre sort. Être femme, être belle et avoir une âme, quelle douleur, comment parvenir jamais à trouver son chemin... Combien de chances m'ont été refusées déjà à cause de cela! L’incident acheva de persuader Angélique que Mme Scarron ne serait jamais son ennemie et qu’elle était quand même vulnérable, et aussi à bout de nerfs. Peut-être la réflexion du roi à son sujet l'avait-elle plus atteinte qu'elle ne voulait le laisser paraître? Avec remords Angélique se dit que la jeune veuve n'avait sans doute pas mangé à sa faim depuis longtemps. Elle faillit sonner pour lui faire apporter un en-cas, mais se reprit de crainte de la blesser. — Françoise, dit-elle avec énergie, séchez vos larmes. Et pensez à la prophétie de votre compagnon-maçon. Ce que vous considérez comme nuisible représente au contraire un sérieux atout qui vous mènera plus loin que d'autres. Car vous êtes habile de plus en plus séduisante et vous avez déjà obtenu de hautes et sérieuses protections. Mme d'Aumont vous patronne, m'a-t-on dit. — Et Madame de Richelieu et Lamoignon également, compléta Mme Scarron, qui avait dominé ce moment de faiblesse. Voilà trois ans que je fréquente assidûment leurs salons. et nous nous entendons bien. — Salons austères, fit Angélique avec une grimace. Je m'y suis toujours ennuyée à mourir. — On s'y ennuie, mais on y avance doucement. Voilà où le danger vous guette, Angélique. Et voilà votre erreur. Et c'est par la même erreur que Mlle de La Vallière court à sa perte. Depuis que vous fréquentez la Cour vous n'avez pas songé encore à départager vos ennemis. Vous n'êtes ni du clan de la reine, ni de celui de Madame ou des princes. Vous n'avez pas fait votre choix ni entre les « importants » et les « muguets », ni entre les « libertins » et les « dévots ».. — Les dévots? Croyez-vous qu'ils aient un bien grand rôle à jouer? Dieu ne m'a pas paru particulièrement en place, parmi ce beau monde. — Il y est, croyez-moi, et non sous l'aspect du Seigneur indulgent dont nous aimons à retrouver l'image dans nos missels, mais sous celui du Dieu de Justice qui tient les verges. — Vous me confondez. — — L'Esprit du Mal ne revêt-il pas à la Cour son masque le plus dangereux? Il est invisible. C'est le Dieu des armées qu’il faut qu'il faudrait pour l'en chasser. — En somme, vous me conseillez de choisir entre Dieu et le Diable? —⁃ C'est cela même, approuva Mme Scarron doucement. en souriant. Elle se leva, reprit son manteau et son éventail noir, qu’elle n’ouvrait jamais afin d’en cacher l’usure. qu'elle n'ouvrait que rarement, n'approuvant pas les jeux maniérés que les Précieuses avaient ajouté à l'usage de ce gracieux et utile élément de la vêture féminine. Après avoir baisé le front d’ embrassé Angélique, elle se retira sans bruit. ×àñòü 2, 5 ãëàâà – 3 òîì 21 ãëàâà – 7 òîì La Violette se dressa devant elle. Lui vivant, le fils de M. le marquis ne quitterait pas la maison de son père. Il en avait fait serment. Angélique l'apostropha en dialecte du Poitou dont il était, comme elle, originaire. Elle lui rappela les menaces du drille La Pivoine, et qu'il n'avait qu'à s'écarter s'il ne voulait pas se retrouver un jour prochain avec une rapière dans le ventre. L'arrogant valet finit par perdre contenance. Il s'écroula à genoux devant elle, la suppliant avec des larmes dans la voix de le prendre en pitié. *** Le petit Charles-Henri, précieusement serré contre un sein jaloux, tétait avidement sa mère. Le mouvement des flammes moirait de reflets la gorge blanche et ronde de la jeune femme. Le mouvement des flammes moirait de reflets la gorge blanche et ronde entrevue sous la dentelles. ×àñòü 2, 6 ãëàâà – 3 òîì 22 ãëàâà – 7 òîì Malgré la tension sauvage qui le possédait en cet instant Philippe perçut ce mouvement d'abandon qui soudain l'amollissait. Craignait-il de l'avoir blessée? Il maîtrisa un peu son aveugle délire, chercha à deviner ce que cachait l'ombre, et la qualité nouvelle du silence. En se penchant il reçut la caresse de son souffle léger sur sa joue et il en ressentit une émotion qui le fit tressaillir violemment et l’abattit contre elle, faible comme un enfant. Il perçut son souffle léger sur sa joue. Cela le fit tressaillir d'une émotion inusitée, une sorte de coup de foudre qui l'abattit contre elle, faible comme un enfant. Il jura à plusieurs reprises pour se donner une contenance. Il ignorait, en se séparant d’elle, qu’il avait été sur le point de la mener au bord du plaisir. En se séparant d'elle, il ne savait pas qu'il avait été sur le point de la mener au bord du plaisir. ×àñòü 2, 7 ãëàâà – 3 òîì 23 ãëàâà – 7 òîì — Alors... contente? — ⁃ Ah! chère Athénaïs, toute ma vie témoignera de la reconnaissance que je vous porte! ⁃ Madame de Montespan, dans une robe aussi bleue que ses yeux, paraissait d'une folle gaité et riait hors propos. Un observateur attentif eût discerné un peu de nervosité sous cet enjouement. N'était-elle pas vexée de n'avoir pas été placée à la table du roi? Jalousait-elle encore la pauvre La Vallière? Mlle de Scudéri lui dit en la menaçant du doigt: —L'on chuchote que vous êtes la muse ravissante qui a inspiré à Sa Majesté l'idée de nous entourer ce soir de magnificence. La fête est donnée en votre honneur. Nul n'en doute. —Sottises! s'exclama-t-elle en éclatant de son rire insouciant. Ne cherchez pas si loin. Voyez à vos côtés. Madame du Plessis-Bellière est beaucoup plus habilités que moi pour jouer le rôle de muse. —Vraiment? —Comment avez-vous pu vous laisser égarer? Ah! Le monde n'est pas bien fort en devinettes galantes! Elle s'éloigna, riant toujours. Angélique quitta aussitôt sa place, la rejoignit comme elle s'asseyait près de la princesse d'Harcourt, et avertit cette dernière en chuchotant que Mlle de Scudéry voulait lui toucher deux mots. —Je vous laisse, dit la princesse comprenant à demi-mot ce qu'on attendait d'elle. —Athénaïs, déclara Angélique, je tiens à ce que nous restions amies. Alors sachez que j'ai dis au roi lui-même que je ne voulais plus me plier à vos petits jeux de cour pour dissimuler le secret de vos amours avec lui. Et le roi lui-même m'a affirmé qu'il prenait bonne note de mes avis et qu'il me demandait pardon d'avoir consenti aux vôtres, cherchant à me nuire. Je prends bonne note également, dit Athéna!, riant toujours, et je vois que vous n'avez plus besoin que je vous enseigne rien de plus sur les dits petites jeux de la Cour!.. Les tables se vidaient. Le roi venait de se lever avec sa suite et s'engageait dans une longue allée, tandis que la foule affluant de tous côtés sur l'emplacement du festin recevait licence de piller les plats et les corbeilles de gâteaux et de fruits abandonnés. *** — Je craignais trop que vous ne me lanciez à la figure des pois verts. La danse les sépara. Lorsqu’il Angélique en avait le cœur battant d'un semblable aveu. Lorsqu'il repassa devant elle, elle vit que les yeux bruns impérieux et doux quêtaient une réponse. — Le mot craindre ne sied guère aux lèvres de Votre Majesté! — La guerre me semble moins redoutable que la sévérité de votre jolie bouche. Dès qu'elle le put, Angélique quitta la danse et vint se cacher au dernier rang des tribunes, parmi les douairières qui suivaient les évolutions en jouant de l'éventail. Un page vint l'y chercher de la part du roi en la priant de le suivre. Elle n'osa pas lui demander de la part de qui venait le message. ×àñòü 2, 8 ãëàâà – 3 òîì 24 ãëàâà – 7 òîì — Ne parlez pas comme une mère antique. Cela ne sied pas au monde où nous vivons. Pour moi, je pense que Vivonne est un esthète qui s'est engoué du petit artiste comme d’un oiseau familier. Pour lui c’est d'un rossignol. Il en prendra soin. Et pour l'enfant c'est un bon départ. Sa charge ne vous coûtera pas un sol. Allons, raisonnez-vous et réjouissez-vous. *** — Philippe, la petite fille de jadis est toujours là, vous le savez. Angélique elle-même devait prendre la route de Saint-Germain. Elle s'y résolut sans entrain. Plus tard, dans le carrosse qui roulait à travers la campagne empourprée du soir, l’emmenant vers Saint-Germain, elle songeait à lui. Tandis que le carrosse roulait dans la campagne empourprée du soir, elle songeait à Cantor et Philippe. Elle savait maintenant découvrait que ce qui lui avait nui auprès de Philippe, c'était précisément l'expérience qu'elle avait des hommes. Elle savait trop de choses sur eux. *** — Je vous attends toujours. Elle sentait les mains de Philippe autour de ses seins devenir en les frôlant fébriles et tourmentées. tourmentées, et monter dans tout son être tremblant l'égarement du désir. Il grommela et jura tout bas et elle se retint de rire. Alors il se pencha brusquement pour baiser cette gorge souple et frémissante. *** — Jamais je ne comprendrai ce garçon! Jamais je n’en viendrai à bout. Il allait partir pour la guerre. Et s’il ne revenait pas?... Oh! il reviendrait. Ce n’était pas cela qu’elle craignait. Mais l’heure de grâce serait passée. ×àñòü 2, 8 ãëàâà (ïðîäîëæåíèå) – 3 òîì 25 ãëàâà – 7 òîì Íåò. ×àñòü 2, 9 ãëàâà – 3 òîì 26 ãëàâà – 7 òîì Íåò. ×àñòü 2, 10 ãëàâà – 3 òîì 27 ãëàâà – 7 òîì Madame de Montespan ne prit pas le temps de saluer ses amies. Pour une fois son teint éclatant était brouillé. Elle avait, de plus, l’air Sa grossesse, qu'elle ne pouvait plus dissimuler, y était sans doute pour quelque chose, mais elle avait, de plus, l'air hagard. *** — Ah! la voilà, cette coquine, cette p... — Ah! la voilà, cette coquine, cette putain... N’espérez pas m’échapper continuellement. Si je vous ai laissée en paix c’est que j’avais mes raisons. Mais maintenant ma vengeance est prête... *** Mais, profitant du répit obtenu par Angélique, Mme de Montespan s'était enfuie. — Remettez cela à plus tard, marquis, dit Angélique. qui riait sans retenue et sans pitié pour la pauvre madame de Montausier à laquelle ses demoiselles de compagnie faisaient respirer des sels. Elle le convainquit de l'accompagner, le ramena à Paris et le conduisit jusqu'au Palais du Luxembourg, où la Grande Mademoiselle prit Pardaillan sous son aile en jurant qu'elle allait le « gronder cruellement ». ×àñòü 2, 11 ãëàâà – 3 òîì 27 ãëàâà (ïðîäîëæåíèå) – 7 òîì — Madame de Montespan est belle aussi. Tellement plus belle que moi. Et elle vous aime, Sire. Elle tient à Votre Majesté. ⁃ Tandis que vous?... Angélique détourna la tête avec un peu d'affolement. Cette situation était sans issue. Elle en était réduite à se rabattre sur des défenses de petite bourgeoise effarouchée. —Sire, je suis mariée. Le marquis du Plessis-Bellière est votre ami. Il eut un haussement d'épaule et l'attira vers lui. Un certain pouvoir de fascination émanait de ces prunelles avides où veillaient deux étincelles d'or. Lorsqu'il posa sa bouche sur la sienne elle voulut se dérober, et ne le put. ×àñòü 2, 12 ãëàâà – 3 òîì 28 ãëàâà – 7 òîì Íåò.

Ýâåëèíà: Ïîñêîëüêó äîìà íà ïîëî÷êå ñòîèò ëèøü òâîðåíèå Àãàïîâà, â îðèãèíàëå ÿ ñìîãëà ïðî÷èòàòü ñî ñëîâàðåì 4 ñòðàíèöû, à ïðîìòîâñêèé ïåðåâîä íå ïðèâëåêàåò, òî ñåäüìîé òîì ìíå áûë èíòåðåñåí. Õî÷ó ñðàçó ïîáëàãîäàðèòü âñåõ , êòî ïðèíèìàë ó÷àñòèå â ïîäãîòîâêå íîâîé êíèãè è äàë âîçìîæíîñòü ïðî÷èòàòü íàì ðóññêèé âàðèàíò. Õîòÿ ÿ è íå ÿâëÿþñü ïîêëîííèöåé ìàðøàëà Ôðàíöèè, ìíå èíòåðåñíî áûëî íàáëþäàòü çà ðàçâèòèåì îòíîøåíèé ìåæäó Àíæåëèêîé è åå âòîðûì ìóæåì.  ïðèíöèïå, ìîæíî ñêàçàòü, ÷òî Ôèëèïïà êàê ÷åëîâåêà îíà íå çíàëà, ïðîñòî ñîçäàëà â ñâîåì âîîáðàæåíèè îáðàç èç îáðûâî÷íûõ âîñïîìèíàíèé äåòñòâà-îäíèì ñëîâîì, «ÿ åãî ñëåïèëà èç òîãî, ÷òî áûëî, à ïîòîì ÷òî áûëî, òî è ïîëþáèëà». Èíòåðåñíû âîñïîìèíàíèÿ Ôèëèïïà î «áàðîíåññå óíûëîãî ïëàòüÿ», íî, íà ìîé âçãëÿä, îíè î÷åíü ñåíòèìåíòàëüíû. ß íå îæèäàëà îò íåãî òàêîé ÷óâñòâèòåëüíîñòè, ÷óòü ëè íå ïîäðîñòêîâîé ðàíèìîñòè. Êñòàòè, ìíå ïîíðàâèëàñü åãî «èçìåíåííàÿ» ðåàêöèÿ íà íîâîðîæäåííîãî ñûíà ;«êàêîé ñòðàøíåíüêèé» - ýòî ÷èñòî ïî-ìóæñêè.  ýòîì òîìå ïî ñðàâíåíèþ ñ ïðåäûäóùèìè íàìåêîâ íà áóäóùåå íåìíîãî, õîòÿ ó ìåíÿ âîçíèêëî îùóùåíèå : àâòîð ãîòîâèò íàñ ê òîìó, ÷òî Àíæåëèêà îñîáî íå ïðèæèâåòñÿ â Âåðñàëå. Íà ýòî óêàçûâàþò è ñëîâà Ìàðè-Àíüåñ, ñêàçàííûå åþ âî âðåìÿ ïðåáûâàíèÿ Àíæ. â ìîíàñòûðå, è íàìåê Ñàâàððè, ÷òî Àíæåëèêà íå óñèäèò íà òàáóðåòå, ê êîòîðîìó òàê ñòðåìèëàñü. Íåìíîãî íàïðÿãàþò íàìåêè íà èñêëþ÷èòåëüíîñòü Àíæåëèêè. Èíòåðåñíî áûëî óçíàòü î ñóäüáå Àíäèæîñà (ãóëÿêà è áàëàãóð èç ïåðâîãî òîìà îêàçàëñÿ áóíòîâùèêîì, äåðæàâøèì â íàïðÿæåíèè âëàñòü) , ïîçíàêîìèòüñÿ ñ Ñàâàðè, çàáàâíûé òàêîé ÷åëîâåê. Âïå÷àòëÿþò âîñïîìèíàíèÿ î Æîôôðåå, îñîáåííî êîãäà ïåñíÿ Êàíòîðà ïåðåïëåòàåòñÿ ñ ìûñëÿìè î ïåðâîì ìóæå. Çäåñü îíà êàê áû îêîí÷àòåëüíî ïðîùàåòñÿ ñî ñâîåé ïåðâîé ëþáîâüþ. Òàêàÿ òðîãàòåëüíàÿ ñöåíà.  öåëîì, êíèãà ïîíðàâèëàñü. Íó, à ïîêà Âåðñàëü æäåò âîçâðàùåíèÿ Àíæåëèêè, áóäó æäàòü ïîÿâëåíèÿ ñëåäóþùåãî òîìà.

Ëåäè Èñêðåííîñòü: Ýâåëèíà , ÿ òîæå íå ÿâëÿëàñü ïîêëîííèöåé ñòàðîãî 3 òîìà, íî ýòîò ìíå ïîíðàâèëñÿ. Åãî áûëî èíòåðåñíî ÷èòàòü, ñ íèì áûëî èíòåðåñíåå ðàáîòàòü. Èíòåðåñíåå, ÷åì ñ 3, 5 è 6 òûì. Äëÿ ìåíÿ. Ôèëèïï äåéñòâèòåëüíî ñòàë ãëóáæå è ïðèâëåêàòåëüíåå, êàê ïåðñîíàæ. ß áû åùå âñïîìíèëà åãî âîñïîìèíàíèÿ î ñîáñòâåííîì áåçðàäîñòíîì äåòñòâå. Âïå÷àòëÿþò è òðîãàþò. Òû íè÷åãî íå óïîìÿíóëà î êîðîëå, à ìîå ìíåíèå î íåì òîæå íåñêîëüêî èçìåíèëîñü ïîñëå ïðî÷òåíèÿ íîâîé âåðñèè. Âñåé, íå òîëüêî 7 òîìà, íî åãî â áîëüøåé ìåðå. Êîðîëü ñòàë äëÿ ìåíÿ ìåíüøå ìîíàðõîì, áîëüøå ìóæ÷èíîé è ÷åëîâåêîì. È ñ ýòèõ ïîçèöèé îí ìíå ïîíÿòíåå è áëèæå. ß ñòàëà ñïîñîáíà ïðîñòèòü åìó îøèáêè. Î÷åíü ðàäà, ÷òî íå ðàçî÷àðîâàëè ìîìåíòû, ãäå óïîìèíàåòñÿ Ïåéðàê. Ýòî äëÿ ìåíÿ îòäåëüíàÿ òåìà. ß êàæäîé ôðàçå ðàäîâàëàñü, êàê ðåáåíîê. PS Ñïàñèáî, ÷òî ïèøåøü âïå÷àòëåíèå èìåííî îò êíèãè. Î÷åíü èíòåðåñíî îáñóäèòü èìåííî ñþæåò, à òî âñå ñêàòèëîñü äî óíûëîãî ïîëèâàíèÿ ãðÿçüþ òåêñòà. Âèäèìî ïîèñê íàøèõ îøèáîê îêàçàëñÿ ãîðàçäî óâëåêàòåëüíåå, ÷åì ñþæåò êíèãè. ß ñ îãðîìíûì óäîâîëüñòâèåì ïðîäîëæó îáñóæäåíèå ñþæåòà è íîâûõ, äëÿ íå ÷èòàâøèõ ñòàðóþ âåðñèþ â îðèãèíàëå, ìîìåíòîâ â ïîâåñòâîâàíèè.

toulouse: Ýâåëèíà ñïàñèáî çà öåëüíûé îòçûâ

Ëåäè Èñêðåííîñòü: Î÷åíü õî÷åòñÿ îáñóäèòü äàëüøå èìåííî ñþæåò. Íàïðèìåð ìîìåíò, êîãäà Àíæ âñïîìèíàåò, êàê ðîæàëà Ôëîðèìîíà...

Ìàðèÿ-Àíòóàíåòòà: Ëåäè Èñêðåííîñòü ïèøåò: Î÷åíü õî÷åòñÿ îáñóäèòü äàëüøå èìåííî ñþæåò. Íàïðèìåð ìîìåíò, êîãäà Àíæ âñïîìèíàåò, êàê ðîæàëà Ôëîðèìîíà... À òåáå áû è ñþäà Æ. âñòàâèòü, äà?

Àííà: Ìàðèÿ-Àíòóàíåòòà Òàê âåäü Àíæåëèêà âñïîìèíàåò Æîôôðåÿ â ýòîì òîìå, ÷òî åñòü òî åñòü. Ãëàâíûé ãåðîé öèêëà âñå ðàâíî îí

Ìàðèÿ-Àíòóàíåòòà: Àííà ïèøåò: Ìàðèÿ-Àíòóàíåòòà Òàê âåäü Àíæåëèêà âñïîìèíàåò Æîôôðåÿ â ýòîì òîìå, ÷òî åñòü òî åñòü. Ãëàâíûé ãåðîé öèêëà âñå ðàâíî îí Âåðíî. Íî î íåì ïîòîì öåëàÿ ñåðèÿ òîìîâ, à î Ôèëèïïå îäèí òîì(è òî ìàëî) è õîòåëîñü áû , ÷òîáû õîòü â ýòîì òîìå îí áûë ãëàâíûì.



ïîëíàÿ âåðñèÿ ñòðàíèöû